La municipalité de Saint-Étienne-du-Rouvray rend hommage à notre Camarade André Babin, dit « Le Grand Babin », en donnant son nom à une rue de la ville

Sylvain Brière membre du bureau de notre institut et responsable syndical CGT cheminots et Joachim Moise maire de Saint Etienne du Rouvray lors de la cérémonie. Le Grand Babin a désormais sa rue à Saint-Étienne-du-Rouvray. Près d’une centaine de Camarades étaient présents pour l’occasion. Signe du Grand, le voile qui dissimulait son nom n’a pas attendu ses enfants et le maire pour qu’il soit ôté en tout début de cérémonie, la bise très froide d’avril s’en est chargée, précédent ainsi et au mieux l’évocation du fil de son parcours militant Honorer de la sorte la mémoire du Grand Babin en donnant à son nom l’une des rues de sa commune, c’est saluer son action syndicale, politique et de Résistant -André était communiste-, mais aussi celle de son Syndicat CGT des cheminots de Sotteville,
son Secteur fédéral de Normandie, Unions locale et départementale comprises.
Ce 17 avril il aurait eu 103 ans et cela fait déjà presque 9 ans qu’il nous a quitté, le 16 août 2015. Le 1er mai 2012, après la manif, nous étions nombreuses et nombreux à ses côtés, salle Buddicum, pour fêter sa 75e carte CGT. À cette occasion, il prit l’engagement de rédiger ses mémoires avec le concours de son ami et militant Stéphanais, Gérard Vandenhende. Ils s’y sont mis dès la semaine suivante et en huit mois son parcours de vie était rédigé. Édité en décembre de la même année pour sa famille, l’Institut d’Histoire Sociale de la Fédération CGT des cheminots le publie quant à lui intégralement dans son cahier n° 53 du deuxième trimestre 2015. J’ai eu la chance de partager de très bons moments avec Le Grand Babin et de lui remettre ce cahier. La lueur de son regard exprimant sa fierté, avec bien des enseignements prodigués lors de nos rencontres, m’accompagnent encore aujourd’hui… Pour les plus jeunes de nos camarades qui ne l’ont pas connu, André ne passait pas inaperçu. Il en imposait certes par sa taille, mais surtout par ses qualités de militant et de dirigeant syndical. Son analyse, ses réflexions, son sens aigu de l’organisation… en imposaient à toutes et à tous ; patrons compris ! Ancien apprenti, il était l’un des premiers « mineurs ouvriers » de la SNCF. Mécanicien de locomotives à vapeur, il a vécu les évolutions de ces dernières en traction thermique et électrique ; à la pelle et au manche par conséquent ! Un « chemin de faire » avec pour rails l’audace, la défense d’idées et de revendications fortes, le refus de la misère, de l’injustice, des totalitarismes quels qu’ils soient et la recherche du progrès social afin de sortir au plus vite des conditions de « La bête humaine »… Il a également vécu les nombreuses mutations du syndicalisme. Une donne initiale constituée par les seules confédérations CGT et CFTC, des taux de syndicalisation qui en laissent plus d’un songeur de nos jours. Le Grand babin faisait partie de cette génération de militants qui a connu la crise des années 1930, la terreur blanche en Italie, la montée du nazisme en Allemagne, les Croix de feu en France, puis la guerre et la Résistance. De là et jusqu’à la fin de sa vie, sa dénonciation sans complaisance de la stratégie de séduction des masses laborieuses dispensée par la droite et l’extrême droite. De là, aussi, qu’il s’agisse de la défense de la SNCF, des services publics en général, du combat contre ce système économique en crise qu’est le capitalisme et qui profite aux plus riches… sa conviction que tout est affaire de résistance, de ténacité, d’engagements individuel et collectif dans les luttes ; de confiance également dans les rapports de forces ainsi créés !

BRIÈRE Sylvain

1 Cette rue dessert un nouveau quartier en périphérie du triage SNCF et se situe à l’extrémité de celle Marc Seguin, qui est quant à elle perpendiculaire à la rue de Paris au niveau du rond-point des coquelicots (derrière le restaurant d’entreprise des cheminots de Quatre-Mares).